Acap – pôle régional image

Projets cinéma en tout genre, des jeunes à l'imagination détonnante

Il en faut de l’audace pour créer une nouvelle plateforme de streaming de films à côté des géants du secteur. Et pourtant, c’est l’histoire de Raymi et de tant d’autres jeunes passionnés en région qui un jour ont relevé le défi, un peu fou, d’amener un cinéma différent, là où il n’y en avait pas.

CoMÉT – le court métrage en streaming

Au gré d’une discussion, l’idée – qui lui trottait déjà en tête depuis un moment – a germé : créer une plateforme de vidéos à la demande consacrée uniquement au format court. C’est avec une double licence en poche, nourri de son « gros appétit pour l’art et la culture depuis tout petit » mais aussi aguerri d’une expérience d’agent polyvalent chez UGC Lille et de rédacteur pour le journal Vozer, que Raymi Tancrez a lancé CoMÉT. Cette plateforme de streaming, avec application mobile, offre un catalogue le plus éclectique possible, alliant des œuvres accessibles au tout public à des courts plus expérimentaux.

« J’aurai trop regretté de ne pas le faire. Pendant mes études de cinéma, j’ai découvert le court métrage pour de vrai, on va dire, en Festival. Et j’ai adoré ce que j’ai vu ! Le fait qu’en quelques minutes, un film arrive à donner de vives émotions et à faire une proposition très forte, que ce soit dans son scénario ou dans sa technique. C’est comme ça que j’ai eu envie de faciliter l’accès à ces « minis chefs-d’œuvres » à tout un chacun. »

Le festival Nouvelle Vision et ses pépites locales

C’est avec L’Âme cinéphile, association créée pendant leurs études, qu’Axelle Carrier et Alexis Croisille ont développé le festival isarien Nouvelle Vision qui promeut les films réalisés par de jeunes cinéastes, de moins de 30 ans, issus des Hauts-de-France ou ayant tourné sur le territoire régional.

La première édition en 2022, organisée en quatre mois, était un pari audacieux. Basé à St-Just-en-Chaussée, dans l’Oise, ce défi représente également une véritable lutte de démocratisation culturelle pour Alexis, originaire de cette petite ville : « c’est un vrai combat d’amener l’art, et notamment le cinéma, dans un milieu très rural, de confronter les cinéastes à un public peut-être pas forcément cinéphile ou d’amener un jeune public, un peu moins aguerri à la culture, pour découvrir les nouveaux talents de demain. C’est aussi plus motivant pour les jeunes de voir des films locaux, réalisés par des jeunes, en salle de cinéma. C’est un plus. Cela devient presque une fierté locale. »

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En immersion avec la nuit des caméras

Au départ, tout commence par une rencontre entre deux associations audiovisuelles d’étudiants des écoles Centrale Lille et de Polytech Lille, lors d’un festival de courts métrages à Centrale Paris, et l’envie de créer un projet commun, dans le Nord, autour du cinéma. De là est né en 2020, le festival la Nuit des caméras dont le principe est de réunir – sur un week-end et dans un lieu donné – des jeunes en ré-insertion professionnelle, avec une appétence pour le cinéma, ainsi que des étudiants de tous horizons pour créer, en petite équipe, un court métrage autour d’une thématique imposée, accompagnés par des professionnels du cinéma. Une collaboration avec la Mission locale de Lille ajoute une composante sociale souhaitée pour le festival dont la première édition s’est déroulée en janvier 2023, avec une cinquantaine de participants accompagnés de 4 professionnels.

Arthur Duval, à la tête de cette organisation, nous raconte sa spécificité : « Ce qui nous différencie des 48h un peu plus classiques, c’est le fait qu’on était situé à la bibliothèque universitaire où on a accueilli les étudiants pendant la nuit, tout au long du week-end. Ça permettait d’avoir des opportunités de décors et une variété de lieux. Dans l’esprit du festival, l’intérêt est de rester sur place pour pouvoir explorer le lieu dans son entièreté. On a eu beaucoup de films très différents. Ça passait de l’horreur à la comédie, on a aussi eu du thriller, du sketch. Et se réunir dans un même endroit a créé une belle dynamique au sein des groupes. »

-> Retrouvez ici, le court métrage Rebecca qui a obtenu le grand prix du jury lors du festival.

Et + d’infos sur leurs pages Linkedin et Instagram.

Lent Ciné, sortir du cadre

L’association Lent Ciné, gérée par Pablo Albandea et Tristan Duval, s’est construite autour des questions du LIBRE, et plus spécifiquement du libre dans l’audiovisuel et le cinéma. Puis, au fur et à mesure, les projets se sont cristallisés autour de l’organisation du festival « Nos désirs sont désordres », dont la sixième édition s’est tenue en mars 2023 à l’Univers. Ce festival propose, pendant 3 jours, la diffusion d’œuvres libres, soit sous licence libre ou libres de diffusion. Au-delà du festival, Lent Ciné c’est aussi la création d’une plateforme numérique de diffusion de films libres et le projet d’une websérie documentaire qui explique le principe du libre dans les domaines artistiques.

Pablo Albandea et Tristan Duval : « La portée militante, dans cette démarche, nous intéresse et nous porte : re-questionner et réfléchir au système actuel, comment la création fonctionne aujourd’hui en France, comment est-elle subventionnée, comment fonctionnent les canaux de diffusion ? On constate que la manière dont ça fonctionne actuellement profite souvent aux mêmes personnes et que lorsqu’on est un « petit » artiste ou que l’on fait des choses qui n’entrent pas dans les cases du marché de l’art ou du film aujourd’hui, c’est plus compliqué d’atteindre les grosses subventions ou les gros canaux de diffusion. L’idée est donc de remettre en avant la création alternative qui peut se faire à côté de ces canaux traditionnels de diffusion et de création. »

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Le Collectif Peinture fraîche, la dérision faite maison

Le collectif, né en 2016, est issu d’une amitié de lycéens qui – au départ – expérimentaient et « faisaient des films un peu dans leur coin » avant de créer, au cours de leurs années estudiantines, leur propre association pour bénéficier de financements et d’un cadre juridique leur permettant ainsi de produire et diffuser des œuvres. En 2019-2020, le réseau s’est étoffé, notamment grâce aux Rencontres audiovisuelles, et de nouveaux projets ont vu le jour tels que des jeux de pistes ou encore la création d’un répertoire des plus beaux Terrils du bassin minier.

Leur projet phare aujourd’hui : le festival « Ni vu ni connu » a pour particularité de valoriser la « création en action » à travers la diffusion de making-of. Pensé en collectif, il est principalement porté par Juliette Lucas, Samuel Louwagie, Nolwenn Etard qui en assurent la programmation, la ligne éditoriale, la communication, etc.

Nolwenn Etard : « On est assez amateurs des secrets de tournages et le making-of est un format qu’on regarde et qu’on aime beaucoup même s’il est moins diffusé sur grand écran. L’artisanat, les compétences, comment créer un film à partir de pas grand chose. Dans cette logique, nous avons également créé un challenge créatif : Créer, en une semaine, un film de 7 minutes à partir d’un faux making-of réalisé en amont par l’association. »

Mine de rien, l’identité locale forte

Ce projet existe grâce à la complicité d’Aurore Froissart et Maxime Patinier. Tous deux originaires du Nord, ils ont suivi les cours ensemble au conservatoire de Douai avant de marier leurs compétences d’écriture, de mise en scène, de réalisation et de pédagogie pour réfléchir aux images, transmettre leur savoir et parler de leur territoire.

Le fil rouge de leur association, Mine de rien, est de travailler autour du cinéma, avec le tissu local, et valoriser le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais à travers des créations artistiques pluridisciplinaires et des ateliers pédagogiques d’éducation aux images et à la fabrication d’un film.

Maxime Patinier : « On a toujours vécu dans le bassin minier et il y avait quelque chose qui nous dérangeait dans la représentation que les gens se font souvent du territoire et de ce qu’il s’y passe en terme culturel. On a eu envie de changer ce regard-là et de faire émerger des choses. Il y a plein d’artistes du bassin minier qui existent, qui tournent en local et dépassent rarement les frontières.  [Par ailleurs], on est baignés par une esthétique très particulière, celle des friches industrielles, des Terrils et de l’ancienne exploitation minière qui a laissé sa marque. Cette question de la trace, de la cicatrice, nous intéresse beaucoup. Forts de tous ces constats, on a eu envie de créer une vraie dynamique locale. »

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