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Le pitch

Il faut voir le film dans sa tête !

Avoir des idées de film et savoir les écrire, ce n’est pas une mince affaire, mais être auteur-réalisateur consiste aussi à savoir défendre ses projets. Le pitch, c’est l’art de la communication et toute la difficulté est de réussir à susciter une émotion, un intérêt en très peu de temps, souvent en quelques minutes. Cap sur le bon pitch par les pros !

C’est quoi un Pitch ? 

Presque tous les réalisateurs doivent passer par l’exercice de défendre à l’oral leur projet de film à un moment ou à un autre de leur carrière. Que ce soit pour trouver un producteur, pour convaincre un financeur ou un responsable de chaine de télévision. L’objectif du pitch est de démontrer l’intérêt artistique et commercial du projet de film et également de prouver ses compétences à mener à bien l’écriture et la réalisation. Le plus important est que les interlocuteurs aient envie de connaitre davantage le projet du film et pourquoi pas de s’embarquer dans l’aventure.  

Les trucs et astuces des pros pour le réussir !

Marine Place, scénariste et réalisatrice de fiction et de documentaire et Loïs Rocque, producteur des documentaires chez Les Alchimistes partagent généreusement leur expertise sur le sujet et donnent leurs conseils pour bien pitcher son projet de film.

Comment définir le « bon »  Pitch ?

Marine et Loïs  : La présentation orale ne dure que quelques minutes, elle doit donc être la plus efficace et concise possible. Il faut embarquer les auditeurs, leur faire ressentir des choses, leur faire vivre une histoire, mettre en relief l’univers et les personnages, pour faire naître des images chez les auditeurs. Autrement dit, chaque mot, chaque phrase doit être ciselé et ponctué pour donner du sens, des émotions, des sensations et éveiller l’intérêt des interlocuteurs pour en savoir plus.

Marine : Autant il y a des critères “objectifs” pour la rédaction d’un dossier mais, la présentation orale, c’est tout à fait subjectif. « LE » bon pitch a la forme qui sert le projet du film. Le réalisateur joue avec ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses et il ne devrait surtout pas essayer de faire quelque chose qui ne lui correspond pas, faire rire l’auditoire par exemple. Personne dans la salle ne s’attend à un one man show.

Comment bien se préparer ?

Loïs : Il y a autant de méthodes pour se préparer que de réalisateurs et de projets. Comme producteur, je suis très à l’écoute de la personnalité de l’auteur – si c’est quelqu’un de très expansif ou plutôt réservé ainsi que le type de mémoire qu’il a. On ne se prépare pas de la même façon si on a une mémoire visuelle ou auditive. Il faut se servir de sa spécificité et la transformer en force.

Marine : Parler en public, ce n’est pas une compétence naturelle pour les auteurs. On est censé savoir écrire et ensuite réaliser. J’ai suivi des formations continues qui se finalisent par des temps de pitch, par exemple au Conservatoire d’écriture européen. Ce sont de réelles opportunités d’apprentissage et de rencontre avec des producteurs.

Marine et Loïs  : Le dénominateur commun pour la préparation, c’est le travail, beaucoup de travail ! Il n’y a aucun bon pitch qui ne soit passé par de multiples séances de répétition auprès de sa famille, ses amis et, si possible de professionnels en demandant à ceux qui écoutent de donner des retours les plus cash possibles pour améliorer son récit. Il faut être ouvert et accepter la critique pour faire évoluer et faire gagner en maturité le projet.

DES CONSEILS POUR LE RÉUSSIR ?

Loïs : Le contexte influence beaucoup, ce n’est pas pareil si on pitche “one to one” ou devant un parterre de professionnels en festival, avec 50, 100 ou même parfois 500 personnes. Chaque présentation doit être personnalisée. Pour ce faire, il est primordial de connaître qui vous avez en face de vous, pour adapter votre discours à la réalité du contexte.

Marine : Il y a des choses basiques qu’il faut maitriser : bien connaitre son sujet et être au clair sur la manière dont on veut en parler, donner des informations sur ses méthodes de travail, une référence de film ou de genre, expliquer où en est le projet, mais aussi maitriser le temps imparti, rester en contact avec la salle ou ses interlocuteurs, ne pas parler trop vite ou trop lentement. 

APRÈS AVOIR PITCHÉ, ON FAIT QUOI ?

Loïs : Un des objectifs du pitch pour le réalisateur est de trouver un producteur. Pour le projet qui attire l’attention des producteurs, le réalisateur doit prendre le temps de discuter à plusieurs reprises avec chacun d’entre eux avant de faire son choix. La prochaine étape est un contrat d’option pour développer l’écriture et essayer d’avoir les premières aides à l’écriture.

Quand l’auteur n’est pas très courtisé après sa présentation, soit le pitch ne va pas, soit le projet ne va pas, et il faut repartir en écriture. Le réalisateur doit se poser des questions, faire éventuellement un entretien avec un professionnel pour essayer de comprendre ce qui ne va pas.

Marine : Avant de pitcher, le dossier doit être prêt à être envoyé très rapidement aux producteurs intéressés et ensuite, si affinités, on va se rencontrer et débuter le travail en commun.

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