Acap – pôle régional image

L’ADN DE L’ACAP EN 2023…

Après le choc de la pandémie, qui pouvait penser reprendre ses activités comme avant ? A l’aune de cette nouvelle année et en tant que pôle attaché à sa mission, nous voulions partager la manière dont nous nous inscrivons dans les mutations sociétales actuelles. Pour ce faire, Pauline Chasserieau, directrice générale de l’Acap – pôle régional image, s’est prêtée au jeu de l’interview sur les perspectives de la structure.

Pouvez-vous nous dire quelles sont les missions de l’Acap ? 

L’Acap existe maintenant depuis 22 ans et son projet associatif s’est construit autour de la transmission d’un cinéma original et exigeant auprès de tous, partout. Chaque année, nous organisons près de 1 000 rencontres pour les habitants des Hauts-de-France, petits et grands, au sein de plus de 150 communes. Le programme d’activités fourmille de projets mais on peut le synthétiser en quatre grandes missions :

  • encourager l’esprit critique et créatif de la jeunesse 
  • favoriser l’accès au cinéma et à la culture pour tous et défendre les salles de cinéma 
  • accompagner les acteurs de la filière et la jeune création 
  • impulser l’observation et l’expérimentation.
Vous venez de rédiger un nouveau programme stratégique structurel pour 2023-2025. Pourquoi cette temporalité de 3 ans ? 

Il est extrêmement important de projeter la structure à moyen terme pour définir les orientations qui vont nous permettre de penser notre plan d’actions. Ce programme s’élabore et s’enrichit grâce au dialogue permanent noué avec nos partenaires institutionnels – Ministère de la Culture / DRAC Hauts-de-France, Région Hauts-de-France, Département de l’Oise et CNC -, les partenaires opérationnels des projets et nos publics. 

Il n’a pas été aisé de penser ce nouveau programme triennal. Cette rédaction a imposé d’établir des choix tout en anticipant les activités à imaginer pour répondre aux problématiques actuelles, dans le respect du cadre budgétaire de la structure.


Avec le Covid, nous avons compris la vulnérabilité de nos modèles, et la nécessité de les rendre anti-fragiles. Ce que nous réserve le futur mérite de la nuance. Cette hyper-conscience nous met au défi de transformer radicalement nos organisations, nos imaginaires et nos actions. Comment le pôle régional se projette t-il dans ce contexte et comment envisage t-il sa mission  ?

C’est très certainement un peu « bateau » de dire que nous naviguons en ce moment dans un contexte de mutations. Et pourtant, c’est bien que nous vivons… 

La crise sanitaire a engendré une déstabilisation du secteur dont nous n’avons pas encore pleinement identifié toutes les conséquences. Les différents plans de soutien ont permis à la filière de se maintenir mais les défis s’avèrent nombreux et préoccupants. Comment la diversité artistique va-t-elle évoluer sur les écrans ? Face aux algorithmes toujours plus puissants, quelles alternatives créer pour encourager celle-ci ? Quelles conséquences économiques à ces bouleversements, et notamment sur la création ? Quelles nouvelles obligations éducatives face aux médias sociaux ? 

L’énumération de ces mutations ne serait pas complète si nous ne prenions pas sérieusement en considération l’existence d’un climat social fragile qui interroge particulièrement la cohésion sociale et le « vivre ensemble ». 

L’Acap, comme elle l’a toujours fait, va à la fois s’inscrire dans une identification fine des problématiques en cours, répondre aux besoins des acteurs territoriaux, aller au contact d’un grand nombre de personnes, dans un esprit de solidarité, de mixité, d’adaptation et d’anticipation de nouveaux modèles.


Aujourd’hui nous sommes tous face à une même problématique : trouver le bon mix pour la société, la planète et l’économie. Quels sont vos défis à relever ? 

Ils sont nombreux et protéiformes… C’est un mélange de défis au long cours qui sont au cœur du projet de l’Acap depuis ses débuts – la pleine démocratisation de la culture, l’inclusion et l’irrigation des propositions artistiques dans les territoires, la diversité des œuvres et des approches artistiques, la défense des artistes, la reconquête des imaginaires, la réflexion éclairée sur les images du quotidien… – avec des défis nouveaux qui sont apparus dans le sillage de la crise sanitaire : l’évolution de la salle de cinéma et des métiers de l’exploitation, le retour des spectateurs, l’articulation entre offres physique et numérique, la formation des citoyens face à une masse inédite d’informations et une concurrence généralisée des points de vue… Et cette liste ne saurait être complète si on n’y ajoute pas deux sujets majeurs : la parité et la transition écologique qui concernent tous les citoyens et tous les secteurs d’activités, le nôtre ne faisant pas exception.


Ces mutations profondes sociétales impactent-elles votre fonctionnement ? 

Ces mutations nous conduisent à repenser nos dispositifs, à nous réinventer, à nous repositionner parfois. Elles consolident et réaffirment aussi des expertises et des projets menés de longue date. L’inscription auprès des acteurs du cinéma et des habitants est une préoccupation ancienne de l’Acap développée avec constance et patience au plus près des réalités et des besoins de chacun. Il s’agit pour nous de poursuivre ce mouvement et de l’amplifier sous peine d’observer d’ici quelques années de vrais décrochages. La mobilisation, l’énergie et l’imagination de l’équipe de l’Acap sont aujourd’hui sans faille et au rendez-vous de ce nouveau programme.


Quels sont vos nouveaux projets pour 2023 ?

L’année 2023 va débuter par la diffusion d’une série de podcasts inédits, Les inattendus, dédiés aux médiateurs de cinéma. Une première pour nous !  Et un nouvel opus de la collection La fabrique du regard consacré à l’éducation aux images et aux médias sociaux paraîtra courant 2023. Nous allons par ailleurs initier un programme d’actions destinées spécifiquement aux personnes atteintes de handicap, inaugurerons un nouveau projet cinéma de territoire dans l’Aisne tout en fortifiant, au sein de nos cadres d’actions, l’axe éducation aux médias et en démultipliant les projets et initiatives qui vont dans le sens de retisser un lien étroit entre les jeunes et la salle de cinéma. Ce sera d’ailleurs tout le sens de notre programme renforcé auprès des étudiants et du projet Toute la lumière sur les SEGPA (initié par l’Alhambra à Marseille) que l’Acap expérimentera en Hauts-de-France. La formation des exploitants et l’aide à la transition énergétique des salles de cinéma constitueront par ailleurs deux axes importants de notre mission d’accompagnement des cinémas. Enfin, 2023 sera l’année de diffusion du programme de courts métrages Diffraction conçu dans le cadre de Lycéens et apprentis au cinéma et faisant la part belle aux films aidés et réalisés en Hauts-de-France. Sans oublier le plein déploiement de notre programme habituel bien évidemment…

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