Acap – pôle régional image

La place des femmes dans l’industrie cinématographique

Alors que Titane de Julia Ducournau a obtenu la Palme d’or en juillet dernier et est désigné pour représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars, comment évolue la place des femmes dans l’industrie du cinéma français ?

Une étude du CNC publiée en 2021 met en lumière les évolutions de la place des femmes sur 10 ans dans les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel. Retour sur cette analyse qui permet de manière objective et chiffrée de faire l’état des lieux de la situation. 

L’arrivée d’une nouvelle génération de réalisatrices 

26 % des films français sont réalisés ou co-réalisés par des femmes. La part de films français réalisés ou co-réalisés par des femmes progresse sur la décennie de 19,9 % en 2010 à 25,9 % en 2019. Cette hausse sur la période est principalement portée par les premiers et deuxièmes films dont les parts se renforcent entre 2010 et 2019. Cette évolution confirme l’arrivée d’une nouvelle génération de réalisatrices : 38 femmes (7,4 % des réalisatrices) ont réalisé au moins trois films entre 2010 et 2019. 12 d’entre elles ont réalisé leur premier film pendant cette période.

Plus forte présence de réalisatrices en France que dans les autres pays européens 

Entre 2009 et 2018, 606 films d’initiative française réalisés ou co-réalisés par des femmes sont sortis dans les salles françaises. La France représente à elle seule près du tiers de l’ensemble des films réalisés par des femmes sortis sur la période dans les huit pays européens étudiés. 

La part de ces films (25,5 %) est ainsi supérieure à celle des productions d’Europe du Sud (12,8 % en l’Italie, 16,7 % en Espagne) ainsi qu’à celle de la production britannique (15,5 %). Elle se révèle en revanche plus faible que celle des pays d’Europe du Nord, pour lesquels le volume global de productions nationales est bien plus faible (35,7 % de la production nationale en Suède, 29,4 % en Norvège et 26,6 % en Finlande).

Des budgets pour les films moins importants que ceux des hommes

Sur la période 2010-2019, les films d’initiative française réalisés par des femmes ont un budget moyen de 3,14 M€, soit 2,14 M€ de moins que ceux réalisés par des hommes. Dans un contexte de baisse générale des devis des films d’initiative française, les écarts persistent lesquels s’expliquent en partie par l’absence de très grosses productions réalisées par des femmes et l’importance du genre documentaire au sein des films réalisés par des femmes, genre moins coûteux à produire. 

Un coût de distribution des films réalisés par des femmes un tiers inférieur à celui des films réalisés par des hommes

Entre 2010 et 2019, les coûts de distribution moyens des films d’initiative française réalisés par des femmes sont de 387,5 K€, soit 35,7 % de moins que ceux des films réalisés par des hommes. Cet écart est notamment lié à des combinaisons de sortie plus réduite pour les films réalisés par des femmes. Sur la période, les films réalisés par des femmes sortent en moyenne dans 124 établissements en première semaine, contre 180 établissements pour ceux réalisés par des hommes. 

La production de films tend à la parité 

Les femmes représentent 44,5 % des intermittents travaillant la production de films de fiction en 2018. La part des femmes parmi les professionnels travaillant à la production de films de fiction progresse de façon continue entre 2009 et 2018 et tend vers la parité. Les femmes représentent ainsi 44,5 % des effectifs en 2018, contre 40,8 % en 2009.

Une présence des femmes très variable en fonction des métiers 

Sur la période 2009-2018, l’analyse par métier dans la production cinématographique fait apparaitre des professions clairement plus «masculines» et d’autres plus «féminines». Les métiers majoritairement occupés par des femmes sont ceux de scripte/assistant scripte (94,3 % de femmes), de costumier / habilleur (88,4 %) et de coiffeur / maquilleur (74,5 %). A l’inverse, la part de femmes dans les professions techniques est extrêmement faible (5,0 % de femmes machinistes et 6,5 % de femmes électriciennes / éclairagistes). 

Dans la production de films : des rémunérations généralement inférieures pour les femmes 

Dans presque tous les métiers étudiés, les salaires horaires moyens des femmes dans la production cinématographique apparaissent inférieurs à ceux des hommes. Pour certains métiers, les différences sont très marquées. Le salaire moyen d’une réalisatrice de long métrage est inférieur de 37,2 % à celui d’un réalisateur. Deux métiers affichent des salaires horaires moyens équivalents entre femmes et hommes : les cascadeurs et les métiers du casting / repérage. Seul le métier de scripte / assistant scripte, presqu’exclusivement composé de femmes, affiche un écart de salaire horaire moyen en faveur des femmes entre 2009 et 2018 (+32,7 %).

Une majorité de femmes dans le secteur de l’exploitation cinématographique 

En 2018, près de 8 300 femmes sont employées dans le secteur de l’exploitation cinématographique. Sur la période 2009-2018, le nombre de femmes augmente de 9,0 %, un taux de croissance près de quatre fois supérieur à celui du nombre d’hommes sur la même période (+2,5 %). Déjà majoritaires en 2009 (50,1 % des effectifs), les femmes renforcent leur présence tout au long de la période pour atteindre 51,7 % des effectifs totaux en 2018. 

 

Extrait de l’étude du CNC  La place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle, mars 2021.

Retrouvez-la en intégralité