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KARIM BENSALAH ET LA RÉSIDENCE ÉMERGENCE

Un cinéaste sous le feu des projecteurs

Artiste collaborateur de longue date, Karim Bensalah travaille à nos côtés depuis notre rencontre en 2004 à Clermont-Ferrand, lors de la projection de son film, Le Secret de Fatima. Sélectionné aujourd’hui parmi une soixantaine de candidats pour la prestigieuse résidence Emergence, il démarre sous de très bons auspices son premier long métrage Lumière noire, soutenu par la Région Hauts-de-France. Une occasion pour nous de vous faire découvrir ce partenaire brillant et engagé…

Cinéaste investi, Karim Bensalah est à nos côtés depuis dix-huit ans : rencontres avec les jeunes en classe, projets expérimentaux et nouvellement membre de notre Conseil d’Administration. Il aime réfléchir et co-construire avec nous des projets autour des questions de sensibilisation aux images. À la fois réalisateur, scénariste et comédien, il travaille autant sur l’écriture et l’analyse filmique qu’il accompagne la pratique et les nouvelles créations d’images (pocket film, filmer à 360°, etc.) auprès des écoliers jusqu’aux lycéens. La transmission et la sensibilisation aux images sont au cœur de son travail et il ne cesse d’interroger leur place dans l’éducation et la formation citoyenne.

« Le système d’éducation à la française permet très difficilement l’émergence des voies personnelles des élèves. L’école est un endroit où le JE existe difficilement. C’est cet espace-là que j’essaie de créer au sein des interventions et ateliers : le rapport entre le JE et le NOUS. Comment le JE peut exister à l’intérieur de NOUS et comment les deux dialoguent. »

DU REÉL À LA FICTION

Pour lui, garder ce lien avec les jeunes, avec les professeurs, avec nous, c’est rester connecté à la réalité, c’est transmettre ce que le cinéma lui a apporté comme regard sur le monde et inversement. « Être cinéaste, c’est être en lien avec le réel. C’est faire des rencontres pour faire naître des histoires ». C’est se nourrir du réel et vice et versa. Les films d’ateliers ont notamment beaucoup enrichi sa démarche de création au même titre que lui a pu, lors de ces rencontres, réveiller l’envie chez certains élèves de poursuivre des études de cinéma. 

UNE RÉSIDENCE PRESTIGIEUSE 

De transmission et de rencontres, il en est aussi question dans la résidence Emergence. Séduits par l’univers particulier de son scénario, où l’histoire se déroule au milieu des pompes funèbres musulmanes et soulève la question du rapport entre la mort et la vie en apportant un regard neuf sur ses personnages, les membres du jury ont sélectionné le projet Lumière noire de Karim Bensalah parmi une soixantaine de candidats pour participer à cette résidence aux côtés de quatre pairs et parrainé par des cinéastes de renom, Hubert Charuel et Nicolas Pariser.

Emergence, kesako ? 

« Une expérience collective singulière et unique »

« Prendre le temps de chercher ensemble. C’est un grand luxe ! »

Depuis sa création en 1998 par Elisabeth Depardieu, cet appel à projets est mené par Emergence, une fabrique pour le cinéma et la fiction basée à Paris et unique en Europe. Cette résidence se déroule tous les ans à Marcoussis, dans l’Essonne et soutient des propositions artistiques, les plus divers, avec une attention portée à l’innovation et à la modernité. Elle offre l’opportunité aux réalisateurs sélectionnés de travailler sur leur projet de premier long métrage, d’affirmer des choix de mise en scène, de constituer leur équipe technique, de diriger les acteurs, d’en apprendre plus sur leurs personnages, leurs envies en confortant ou en reconsidérant leurs intentions. Véritable laboratoire, lieu d’expériences, cette immersion unique de plusieurs semaines permettra à Karim Bensalah d’anticiper au mieux les choses, d’appréhender les relations et les problématiques possibles sur le plateau, d’échanger autour de la mise en scène en testant deux scènes emblématiques…

« Chacun se nourrit du travail de l’autre. »

Véritable tremplin, la résidence a déjà permis à 60 premiers films soutenus par Emergence de sortir en salles de cinéma et, pour certains, d’être dans les annonces des sélections de grands festivals. Lumière noire dont le tournage, se déroulera en partie sur le territoire des Hauts-de-France, démarrera à l’issue de cette résidence, dès le début du deuxième semestre 2021.

UN FILM INSPIRÉ DE FAITS RÉELS

Même si son titre reste provisoire pour le moment parce qu’il induit, selon Karim, quelque chose de sombre, Lumière noire est une histoire lumineuse. L’idée lui est venue lors d’une rencontre avec un homme : celle d’un fils de diplomate qui s’est retrouvé sans papier, du jour au lendemain. Dans l’espoir de régulariser sa situation, celui-ci se résout à travailler temporairement pour des pompes funèbres musulmanes. Nous faisant voyager entre Lyon, le Nord et le Sud de la France, le film retrace alors le parcours initiatique d’un personnage qui apprend à devenir vivant grâce aux morts.

À la découverte du Secret de Fatima

En attendant la sortie de son premier long métrage sur les écrans en 2022, Karim met à votre disposition en bonus son court métrage Le Secret de Fatima. Réalisé en 2003 et lauréat de la Fondation Beaumarchais, il a reçu le Prix du meilleur scénario au Festival Fenêtres sur courts de Dijon, Prix de la première œuvre au Festival du film court de Villeurbanne et une mention spéciale du jury aux 20èmes Journées du cinéma africain et créole de Montréal.

Karim Bensalah

Karim est né à Alger d’un père algérien et d’une mère brésilienne. Après Haïti et le Sénégal, il arrive à Paris à l’âge de 18 ans pour y faire des études de lettres, de philosophie et de sciences sociales tout en poursuivant en parallèle une activité théâtrale. Il entre ensuite à la London Film School où il réalise Constant flow.

De retour à Paris, il réalise plusieurs courts métrages dont Le Secret de Fatima, Racine(s), Chantier(s) et Les Heures blanches. En parallèle, il intègre l’Ecole du jeu et poursuit une carrière de comédien. 

Karim travaille également depuis plus de dix ans, en France et au Brésil, dans l’éducation à l’image qui lui a permis de développer une pratique autour de l’écriture collective. Lumière Noire est son premier long métrage.