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Après une première marche, des premiers pas

On peut être jeune réalisatrice investie dans le développement de sa carrière mais être tout de même animée par la transmission. C’est avec les mêmes yeux émerveillés que ceux des enfants auprès desquels elle intervient pour la première fois, que Cloé Coutel après son parcours à La première des marches, ouvre son talent différemment pour le cinéma aux tout-petits.

C’est loin de la métropole lilloise et des projets de films sur lesquels elle travaille, que Cloé Coutel, jeune réalisatrice de 26 ans est partie à la rencontre de jeunes enfants dans les écoles à Abbeville, Le Crotoy et St-Riquier en avril 2023. Elle, qui a plus l’habitude des ados, quelques appréhensions l’envahissent avant de commencer. Vont-ils être réceptifs ? Ce que je leur demande, n’est-il pas trop complexe ? Les institutrices très investies lui offrent un cocon d’accueil idéal et apportent l’équilibre nécessaire à son intervention entre elles et les enfants. La magie opère. Ces derniers sont enthousiastes et inspirés par le processus créatif, et la technique d’animation des papiers découpés.

Tu es en plein développement de tes premiers films. Quelles sont tes motivations pour faire des interventions cinéma en école ?

Avec Filles en feu, l’association dont je fais partie, nous souhaitions toucher des publics hors métropole lilloise et cette proposition d’interventions correspondait parfaitement à mes envies d’aller à la rencontre des publics sur des lieux où il y a moins d’offres culturelles.

Ne faire que des montages de projets est extrêmement difficile mentalement car il y a beaucoup d’échecs. Tes films, tu ne les voies pas vivre et c’est super d’avoir des moments avec les enfants et les publics, et de te dire que ce métier n’est pas complètement hors sol. Tu peux partager ce que tu fais. Quand tu fais du cinema, ces moments-là sont quand même très rares. Je comprends les acteurs qui ne veulent faire que du théâtre, sinon tu as l’impression de ne jamais partager ce que tu fais.

Être en contact avec des enfants, est-ce que cela questionne ta création ?

Tu oublies que c’est magique de faire de l’animation. Ces premiers émerveillements qu’on a face à la mise en mouvement des images, on a tendance à les oublier avec le temps. Les enfants sont là pour te le rappeler.

Avec mon film Vague à l’âme, je me posais cette question de comment faire un film d’auteur pour enfants. En tant qu’artiste, on fantasme le public. Faire des films pour enfants, c’est une lourde responsabilité. Ce sont les premiers films que l’on voit, le début de sa culture de l’image, les fondements de la culture cinématographique. C’est important de se rappeler pour qui on fait des films. Je viens de signer avec une productrice pour mon film Gamines que j’ai écrit avec La première des marches et le casting sera composé essentiellement d’enfants. Cela va m’apporter beaucoup pour écrire les dialogues et me permet de ne pas oublier ce qu’est d’avoir huit ans. Ma direction d’acteurs avec des enfants non professionnels du coup me fait moins peur !

Que penses-tu de la place que tu occupes auprès des enfants lors de ces ateliers ?

J’ai grandi en banlieue au nord de Paris. Pour moi le cinéma, ce n’était pas une option. Mes parents ne font pas du tout ça et pour ma mère qui a écumé les petits boulots, le métier passion n’était même pas envisageable. C’est grâce à l’école et ce type d’interventions que je me suis dit que le cinema était un métier possible.

Une gamine pendant un atelier est venue me voir et m’a dit : «  ça y est je veux faire du cinéma ». Tu sentais que ça lui avait vraiment plu ! Même si tu ne sais pas ce que cela donnera dans sa vie future, si je peux planter une graine et imaginer que cela est envisageable pour elle plus tard, c’est important pour moi.