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Steven Spielberg, le petit prodige d’Hollywood

Dans The Fabelmans, Steven Spielberg raconte son histoire d’amour avec le cinéma et la manière dont, depuis son enfance, il n’a jamais cessé de filmer. A l’occasion de la sortie du film, le 22 février, retour avec Vincent Baticle, auteur de l’ouvrage Steven Spielberg, filmer avec des yeux d’enfant, sur la carrière d’un cinéaste qui a marqué à jamais l’histoire du Septième Art…

Illustration : Yoann Bomal (pour l’ouvrage Steven Spielberg, filmer avec des yeux d’enfant – Vincent Baticle – Editions A dos d’âne – 2018)

Succès populaire et critique

Autodidacte sans réelle expérience professionnelle, Steven Spielberg décroche à 22 ans un contrat de réalisateur auprès du studio Universal. Quelques années plus tard, il s’illustre grâce au téléfilm Duel, qui obtient le Grand Prix du premier Festival d’Avoriaz. Le cinéaste n’a que 29 ans lorsque, le 20 juin 1975, Les Dents de la mer sort sur les écrans américains et révolutionne l’industrie hollywoodienne.

Spielberg enchaîne les très grands succès populaires jusqu’au milieu des années 90 : Rencontres du troisième type (1977) ; Les Aventuriers de l’arche perdue (1980) et ses deux suites, Indiana Jones et le temple maudit (1984) et Indiana Jones et la dernière croisade (1989) ; Hook (1991) et l’incontournable E.T., l’extra-terrestre (1982). Ce dernier renouvelle l’exploit des Dents de la mer en devenant le plus gros succès commercial de l’histoire (titre qu’il ravit à La Guerre des étoiles). Il n’est détrôné qu’en 1993, par un autre film de Spielberg, Jurassic Park.

Message de félicitations adressé par Georges Lucas à Steven Spielberg après le succès de E.T., l’extra-terrestre

En 1994, Spielberg obtient l’Oscar de la meilleure réalisation pour La Liste de Schindler, également élu meilleur film. Quatre ans plus tard, il est couronné une seconde fois, pour Il faut sauver le Soldat Ryan. The Fabelmans lui vaut aujourd’hui sa neuvième nomination en tant que réalisateur.

Un cinéaste touche-à-tout

La sortie, à quelques mois d’intervalle, de La Liste de Schindler et Jurassic Park témoigne de l’extraordinaire diversité de l’œuvre de Spielberg. Dès les années 80, le cinéaste signe La Couleur pourpre (1985), Empire du soleil (1987) et Always (1989), et rompt avec son image de réalisateur de blockbusters à grand spectacle. Plusieurs fois dans sa carrière, il a prouvé sa capacité à faire le grand écart en sortant coup-sur-coup des films aussi différents (du moins en apparence) que Amistad et Jurassic Park : Le Monde perdu (1997), Munich et La Guerre des Mondes (2005), Cheval de guerre et Les Aventures de Tintin (2011) ou encore Pentagon Papers et Ready Player One (2018).

Spielberg entre dans le 21ème siècle en signant deux grands films de science-fiction : A.I, Intelligence artificielle (2001), projet initié par Stanley Kubrick, et Minority Report (2002). Il poursuit ensuite le tournant néo-classique amorcé durant la décennie précédente et signe quelques-uns de ses plus beaux films : Arrête-moi si tu peux (2002), Le Terminal (2004), Le Pont des Espions (2015) ou encore West Side Story (2021).

Spielberg & Cie

Le style de Spielberg doit beaucoup à trois de ses collaborateurs, auxquels il est d’une remarquable fidélité. Depuis Rencontres du troisième type, tous ses films, à l’exception d’E.T., sont montés par Michael Kahn. Quant au directeur de la photographie Janusz Kaminski, il travaille systématiquement avec lui depuis La Liste de Schindler. Le plus ancien collaborateur de Spielberg est le compositeur John Williams. Depuis leur rencontre en 1974 sur son tout premier long métrage, Sugarland Express, Williams a signé la bande-son de 29 de ses 33 films. Sa musique – qui accompagne l’arrivée du requin des Dents de la mer, les envolées nocturnes d’E.T. et Eliott, les actions héroïques d’Indiana Jones, ou encore l’apparition des dinosaures de Jurassic Park – est consubstantielle au cinéma spielbergien.

Réalisateur, parfois scénariste, Spielberg est également producteur, tant pour le cinéma que pour la télévision. Sa société Amblin’ (du nom du court métrage qui lui valut d’être embauché par Universal) a produit nombre de très grands succès populaires des années 80 et 90, tels que Gremlins (1984), Les Goonies (1985) – dont il a écrit l’histoire -, ou encore Retour vers le futur (1985). Il est également l’un des trois cofondateurs du studio Dreamworks.

Robert Zemeckis, Bob Gale, Michael J. Fox, Neil Canton et Steven Spielberg sur le tournage de Retour vers le futur

Filmer avec des yeux d’enfant

Depuis ses débuts, Steven Spielberg développe dans chacun de ses films les mêmes obsessions formelles et thématiques. Son œuvre interroge tout particulièrement notre regard, qu’il se plaît d’ailleurs volontiers à manipuler. En mettant en scène des personnages de contemplateurs et des enfants, il nous rappelle l’importance de garder notre capacité à nous émerveiller, et nous invite à rester à l’affût des images qui s’offrent à nous. Le cinéma de Steven Spielberg ne cesse de nous préparer à embrasser ces moments de révélation visuelle capables de changer le cours de notre vie – à l’instar de ce jour où, enfant, son père l’emmena voir son tout premier film.

Crédit photo couverture : The Fabelmans © Universal Pictures International France